Burkini, été 2016

Publié le par Kathia Martinez

Après les deux attentats qui ont pétrifié la France, en cet été 2016, à savoir celui de Nice, faisant 85 morts, et celui de père Hamel, égorgé, la France a répondu par la confusion politique et par des mesures interdisant, sur les plages de la côte d’azur, allant des alpes maritimes à celles du Var, le port du burkini par certaines femmes. Qu’est-ce donc que le burkini ? Le burkini est un maillot de bain couvrant le chef et le corps de la femme. Il est connoté religieusement. Il nous a été apporté par un courant musulman venu d’Arabie saoudite et du Qatar. C'est aussi une marque commerciale, déposée. Comment cela se fait-il ? La France ne répond pas à ses questions, elle continue de faire commerce avec ses princes distillant leur moralité venue d’ailleurs dans nos quartiers ainsi que leur argent dans nos plus beaux hôtels, immeubles, infrastructures, mosquées, alimentant aussi les campagnes présidentielles de certains candidats comme celles de Nicolas Sarkozy.

Ainsi donc, ces quelques femmes en burkini seraient celles qui véhiculent, et elles seules, le grand danger qui mettrait en péril notre fabuleuse liberté et notre état laïque. Elles sont celles, ces quelques femmes, qu’il faut contraindre, au nom de cette fabuleuse liberté, et au nom de cette chère laïcité. C’est le discours que tiennent David Lisnard, le maire de cannes et le maire de Villeneuve-loubet, qui est bien connu pour ses positions homophobes et islamophobes. Ces gens là, qui ne sont pas du tout choqués par les gros yachts saoudiens mouillant au large de nos plages, se battraient donc contre le terrorisme islamique.

Alors, les citoyens horrifiés, à juste titre, par ces attentats, se sont laissés berner, entretenus depuis des décennies, dans un racisme anti-maghrébin. Le maghrébin, en France, même né dans cette douce terre, de paix et de droits humains, nourri aux siècle des Lumières, reste le descendant de ceux qui ont voulu reprendre leur terre maghrébine. Il est celui qui a trahi, le faux, le fourbe, celui qui nous déteste, nous, c'est à dire ceux qui ne sont pas maghrébins. Voilà, donc, ce qui se trame, derrière tant de confusions, d’amalgames et de raccourcis. Le maghrébin, a une autre culture qui serait en totale contradiction avec nos valeurs humaines. Voilà, ce qui est véhiculé et entretenu par nos politiciens. À cela, s’ajoute, une revisite des valeurs chrétiennes, dans notre société sécularisée depuis si longtemps.

Face à tant d’hypocrisie, d’actes politiques démagogiques et sexistes, rappelons quelques évidences que le citoyen lambda devrait connaître. Tout d’abord, la laïcité n’impose pas aux citoyens libres de cacher, dans la rue et sur la plage, son appartenance confessionnelle. L’état est laïque, il ne reconnaît aucune religion étatique. Le citoyen, lui, est libre. Deuxièmement, obliger une femme à se dévêtir, sous peine d’insultes, d’amalgames et de raccourcis est similaire aux pires pays, qui légitiment les violences faites aux femmes. Troisièmement, si des femmes, en France, élevées au terroir français, ayant essuyé les bancs de l’école de la république, n’adoptent pas la nudité, ni le maillot une pièce ou deux, c’est leur droit le plus strict. Enfin, si, en effet, en France et ailleurs, un islam wahhabite, a été importé, peut-être, faudrait-il s’en prendre à ceux qui continuent de profiter de l’argent, des capitaux et des armes vendues au lieu d’accepter, sans broncher, et même avec un contentement, ces violences, sous couvert d’arrêtés municipaux, envers les femmes. Rien n’est fait dans le fond et ces mesures outrageantes, ces mesures, qui sont de grandes erreurs républicaines et politiques, ne feront qu’alimenter le repli sur soi et la haine d’une république aux droits humains à plusieurs vitesses.

Au lieu de nous réunir, au lieu de refuser les entorses à la liberté, au lieu de lutter contre les violences envers les femmes, le citoyen lambda préfère appeler la police quand il voit une femme en burkini sur la plage, il préfère l’insulter si sa tête est couverte d’un voile, il préfère finalement exclure et s’étonne ensuite que d’autres citoyens divorcent de l’espace républicain et fraternel. Ceux qui s’engouffrent dans ces impasses sont ceux qui alimentent aussi le terrorisme. La responsabilité d’un citoyen libre c’est d’oeuvrer pour la liberté, pour l’égalité, pour la fraternité en refusant tout compromis, en refusant une quelconque violence envers les femmes.

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